HOMMES et FEMMES dans les USINES d’ARMEMENT- aux sources d’une conscience ouvrière éclatée- 1914-1919

L’Institut fédéral d’histoire sociale des travailleurs de l’État – CGT a réalisé un ouvrage collectif sur « Les Hommes et les Femmes dans les usines d’armement entre 1914 et 1919 – aux sources d’une conscience éclatée» à partir de de 295 documents, inédits pour la plupart. Cet ouvrage passionnant trace le portrait des différentes catégories de personnels, femmes, coloniaux et chinois, soldats mobilisés affectés aux usines, tous soumis à l’impératif de l’effort de guerre et décrit les déplorables conditions de travail et de vie qui leur sont imposées, non sans réactions de leur part, protestations et grèves.

Flyer de l’éditeur Hommes et femmes dans les usines d’armement (1914 1919)

Cet ouvrage est remarquable.

Livre foisonnant de 293 pages, réalisé à partir de 295 documents pour la plupart inédits, riche d’informations  et rigoureux dans ses analyses, édité en format 29 x 21 nécessité par l’introduction d’exceptionnelles photos d’ouvriers et ouvrières, d’ateliers, d’usines, de machines, de reproductions scannées de courriers, textes réglementaires, directives émanant de directeurs d’entreprises, d’articles de presse, de  rapports de police et autres documents, auxquels les auteur(e)s se réfèrent à chacune des avancées dans le cheminement de leur exposé.

D’abord le contexte : évolutions techniques, technologiques, organisationnelles avant-guerre et, crescendo dès 1915, le développement des usines d’armement sur tout le territoire, l’extension du secteur public, le poids de l’État de plus en plus prégnant dans tous les aspects de la vie d’entreprise, publique ou privée (grilles de salaires, embauche imposée des femmes …)

Puis le portrait, en trois chapitres successifs, des catégories de personnels consacrés à l’impératif toujours plus glouton de l’effort de guerre.

Les mobilisés, soldats affectés à l’usine, soumis à la discipline militaire en sus de celle d’entreprise, avec, pour horizon terrifiant, à la moindre incartade, le retour à l’enfer des tranchées.

Les femmes, de plus en plus jeunes, remplaçant les hommes envoyés à la « boucherie », toujours plus nombreuses jusqu’en 1918, affectées sur tous les postes, même les plus qualifiés, avec des salaires ridicules, confrontées au risque de mort par explosion ou autre, soumises à une discipline de fer à caractère sexiste, leurs protestations, leurs grèves et la création par Albert Thomas du « Comité du travail féminin » dans l’optique paternaliste de : « l’État, tuteur naturel des faibles » (Albert Thomas),

Enfin les coloniaux et chinois, recrutés au pays d’origine sur la base, toute théorique, du volontariat, militarisés, casernés et interdits de déplacements pour empêcher tout contact avec la population locale et surtout le tissage de liens avec des femmes françaises. Ils sont affectés aux travaux les plus durs, aux produits chimiques les plus dangereux, beaucoup tombent malades, le nombre des décès est effarant et les salaires promis sont rarement respectés.

Ils sont privés des droits collectifs, syndicalisation, grève, représentation et élections, ce qui n’empêche pas mutineries et mouvements revendicatifs sur leurs revendications propres.

L’avant dernier chapitre est consacré aux organisations syndicales, aux courants qui les traversent en relation avec le développement dès fin 1916, et de plus en plus en 1917 et 1918 de mouvements de grèves et manifestations, tout particulièrement d’ouvrières, contre la vie chère, pour le retour des hommes et pour la paix.

Les conséquences durables (jusque dans les années 30) de la Grande Guerre sont ensuite abordées : pour les femmes, renvoyées à leurs fourneaux et à leurs marmots pour laisser la place aux ouvriers démobilisés, malgré leurs actes de résistance ; pour les mutilés, amputés d’un bras, d’une jambe, les poumons rongés par les gaz, employés dans les usines d’armement sur les emplois protégés prévus par la loi.

Très organisés ils éditent un journal et se battent pour le maintien de leurs pensions. Quant aux coloniaux et chinois, en attente d’un retour qui sera effectif entre 1919 et 1920, ils construisent leur engagement vers l’indépendance.

Les auteurs terminent sur les questions politiques et syndicales, ouvertes par le premier conflit mondial, la scission entre CGT et CGTU et la naissance du parti communiste.

L’ouvrage n’est pas en vente commerciale. On peut cependant se le procurer contre une participation aux frais de 21 € port compris auprès de:

IFHS-TE, FNTE-CGT,

Case 541

263 rue de Paris

93515 Montreuil Cedex

Signalons que Patrick Mortal, un des principaux animateurs de ce projet, était intervenu sur « Le contrôle de la main d’œuvre et des entrepreneurs au temps de l’Union sacrée » lors du Colloque international du CHATEFP (2015) sur « Main d’œuvre en guerre -1914-1918 »  qui a débouché sur la parution d’un ouvrage de 437 pages édité par La documentation française  – Paris  – date de parution : 5 décembre 2018 – sous la direction de Laure Machu, Isabelle Moret-Lespinet et Vincent Viet.

Sur cette même problématique vous pouvez également télécharger sur notre site les Actes de la conférence – débat de l’AEHIT du 20 novembre 2014 intitulée :  1914-1918 : le droit du travail et les femmes à l’épreuve de l’économie de guerre (cahier n°11)

https://aehit.fr/download/2014-1914-1918-le-droit-du-travail-et-les-femmes-a-lepreuve-de-leconomie-de-guerre/?wpdmdl=84&refresh=609c2157d0f9c1620844887

Et prendre connaissance de l’article publié en 2014 par Dominique Guyot sur les « travailleurs chinois sous contrat inhumain pendant la Grande Guerre ».

 https://aehit.fr/wp-content/uploads/2021/04/2014_07-Dominique-Mémoires-Vives-Travailleurs-Chinois.pdf

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