les dessinateurs du peuple – Henri Pinaud
Henri Pinaud (1939-2018), sociologue de formation, consultant puis ingénieur de recherches au CNRS, a travaillé sur la participation des travailleurs. Dans les années 1980 et 1990 il a animé le Programme « PAROLES » sur la mise en œuvre de l’expression des salariés dans les entreprises et l’évolution du droit du travail en France, en liaison avec la confédération CFDT. Il a développé la coopération entre la recherche scientifique en sciences sociales et les organisations syndicales, contribuant ainsi au rapprochement de ces deux mondes. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sociologiques et d’articles rédigés sur la base de ses recherches. L’ouvrage « les dessinateurs du peuple » est le résultat d’un travail engagé après qu’il ait pris sa retraite.
éditeur : Lelivredart, ISBN : 978-2-35532-337-9, 240 pages, 32 €.
Les dessinateurs du peuple est un ouvrage scientifique et artistique qui présente et analyse 50 ans de dessins de presse parus dans les revues syndicales confédérales de la CGT, de la CFDT et de la CGT- FO entre 1966 et 2014
Richement illustré de plusieurs centaines de dessins de presse publiés par ces trois confédérations avec des références au mouvement ouvrier d’autres pays comme l’URSS, les USA, l’Italie ou l’Amérique latine et un retour sur les dessins du syndicalisme au début du XXème siècle, ce livre offre une réflexion sur la fonction de média culturel du dessin, sur l’évolution de la culture ouvrière, des représentations du travail et des rapports sociaux, d’abord violentes et ironiques puis plus assagies depuis la fin du XXème siècle, ceci en relation avec l’évolution des orientations syndicales tant au plan national qu’international : le recentrage de la CFDT à partir de la fin des années 1970, la distance prise entre la CGT et le PCF à la fin des années 1990, et une particularité de la presse de Force ouvrière, marquant un décalage avec les orientations confédérales.
Dans cet ouvrage, Henri Pinaud, longtemps compagnon de route et expert du syndicalisme français, met l’accent sur l’évolution de ces dessins, le statut social précaire des dessinateurs, leurs relations avec les rédactions de la presse syndicale, avec comme toile de fond l’évolution de la société française, des relations de travail et des orientations syndicales.
Henri Pinaud est décédé en 2018. Son ouvrage traduit une certaine nostalgie d’un syndicalisme « lutte des classes » s’appuyant sur une classe ouvrière à dominante industrielle et illustre bien les difficultés des dessinateurs de presse à s’adapter aux transformations sociales en cours et aux orientations syndicales qui en résultent.
Ceyrac , président du CNPF en Louis XIV par le dessinateur Carlos
Mais au-delà de ce constat, pour conclure, Henri Pinaud appelle de ses vœux un renouveau du dessin de presse qui serait fondé sur « la pratique des travailleurs qui inventent un travail réel face au prescrit des employeurs toujours à la traine des créations de la base, inventent de nouvelles façons de vivre et de travailler, une nouvelle culture hors le monde prescrit du néolibéralisme. »
Dans ce livre, on retrouve bien les traits de caractère de Henri Pinaud, avec qui j’ai travaillé pendant de nombreuses années à la CFDT : un sens du détail, un esprit critique et un engagement aux côtés du peuple qui se défend.
Pascal ETIENNE, secrétaire général de l’AEHIT, 4 novembre 2023
Est associée au livre, une exposition itinérante composée de de 25 kakémonos, actuellement (automne 2023) à la Bourse du travail de Paris.
Pour toute information sur l’exposition : lesdessinateursdupeuple@gmail.com
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