LES MÉTIERS QUI TUENT – Léon et Maurice BONNEFF
Enquête auprès des syndicats ouvriers sur les maladies professionnelles (1905)
Par Léon et Maurice Bonneff
272 pages – 23 illustrations – 18 €.
Éditions Plein Chant, 35, route de Condé, 16120 Bassac. – 05 45 81 93 26
Site : www.pleinchant.fr – Contact : pleinchant@wanadoo.fr
Au début du XXe siècle, Léon et Maurice Bonneff, deux frères unis dans un combat acharné contre toutes les injustices sociales, avec comme armes leurs plumes et leur force d’investigation, ont révélé au grand public, parmi les faces cachées de la « belle époque », l’exploitation éhontée des travailleurs et les pollutions diverses dont ils étaient victimes. En moins de dix ans, ils ont publié près de 400 articles et quatre livres, dont Les métiers qui tuent fut le premier, enrichi ici de vingt articles parus dans l’Humanité et les Hommes du jour, les deux journaux qui furent les principales bases d’action de leur courte carrière : ils furent tués, à 32 et 30 ans, au tout début de la Grand Guerre. La mission qu’ils s’étaient donnée a fait d’eux, plus que des journalistes d’enquête, des militants du courant syndicaliste révolutionnaire, alors si actif et si efficace avec la création des Bourses du travail et le développement de la CGT. Au-delà de leur apport à la lutte contre les aberrations du système de production, ils participèrent pleinement à la volonté de rénovation générale de la société. Il est important de rappeler leur combat en un temps, le nôtre, où d’autres combats viennent étrangement faire écho à ceux qu’ils menèrent avec une détermination sans faille voici cent dix ans.
Le peu que l’on sait de leur vie est concentré dans le texte de Lucien Descaves de 1924, écrit pour l’Anthologie des écrivains morts à la guerre. Sur leur œuvre, le seul ouvrage qui en a sérieusement rendu compte est le mémoire de maîtrise d’histoire présenté en 1980 par Isabelle Dauzat, Léon et Maurice Bonneff, peintres de la condition ouvrière dans les années 1900, travail documenté, qui éclaire leur milieu familial et la topographie de leurs enquêtes. Mais c’est surtout par l’étude de l’ensemble de leurs écrits, articles et livres, que ce mémoire démontre l’importance de leur apport à l’histoire des luttes sociales. L’analyse thématique et empathique des 372 articles étudiés dessine un portrait des deux frères net, énergique et opiniâtre.
Parallèlement à leur acharnement à mener combat contre les produits toxiques, les poussières asphyxiantes, les méthodes de travail avilissantes et mortifères des métaux et du verre, ils se sont tournés vers des thèmes concernant les « travailleurs de la mer » et des ports, les mineurs des mines et carrières, les « fardiers », les marbriers, les « boueux », les artificiers, les chaussonniers, les imprimeurs, les pions de collège, les employés de commerce et de banque, les comédiens des petits théâtres, etc. Ils ont enquêté sur les asiles d’aliénés, les bagnes d’enfants, la mortalité infantile dans les crèches, les asiles de nuit (« hôtels-casernes »), les « hôtels populaires » pour hommes et ceux pour dames seules et jeunes filles, les « cantines maternelles », les institutions des aveugles et des sourds, l’action des inspecteurs du travail souvent entravée par des patrons criminels. Ils ont visité de grands chantiers : le métro, l’industrialisation de la Normandie. Ils ont décrit des « faits de société » comme le sort des pauvres à Paris durant la crue de la Seine de 1910, les fraudes en matière alimentaire, les problèmes de dénatalité vue comme un « crime national » par les instances dominantes, la lutte contre les « économats » (organisations patronales de vente à crédit – avec surévaluation), le ridicule des peines légales appliquées aux patrons coupables d’ignorer les lois, l’exploitation des apprentis transformés en domestiques, les causes de l’alcoolisme chez les ouvriers, les grèves, le travail de nuit, le travail des femmes et des enfants, mais aussi les loisirs ouvriers. Enfin, ils ont sans cesse dénoncé les injustices, comme la condamnation à mort sur de faux témoignages de l’ouvrier charbonnier Jules Durand en 1910 à Rouen.
Les acquis obtenus en un siècle de luttes sociales leur doivent, comme à tous ceux qui œuvraient dans le même sens, particulièrement les syndicats et tous les hommes et femmes « de bonne volonté », d’exister et de perdurer. La mémoire de tous ces militants doit nous être précieuse ; elle nous aide à lever le voile sur les nouveaux défis que l’humanité, conduite au nom de la gloire et de l’enrichissement de quelques-uns, se doit de relever. C’est une leçon que l’on peut, que l’on doit, tirer du parcours exemplaire de Léon et Maurice Bonneff.
Note d’Edmond Thomas – éditeur (avec son autorisation)
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