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CAVAILLÉ Jean
1871 – 1948
Jean Cavaillé est né le 20 juin 1871 à Lacourt Saint-Pierre (Tarn et Garonne) de Pierre Cavaillé, cultivateur et de Marie Mieulet, ménagère.
Après des études au lycée de Montauban, il obtient, en 1891, une bourse de 1 500 F pour suivre les cours de la faculté des lettres de Toulouse.
Dispensé de service militaire en tant que boursier étudiant, il est réformé en décembre 1892 pour hypermétropie.
Licencié ès-lettres, il habite 24, rue d’Embarthe à Toulouse quand il se marie le 16 avril 1895 avec Germaine, Antoinette Larrieu.
Le couple a une fille, Madeleine, née en 1897.
Pendant six ans, il est professeur de lettres au lycée de Toulouse et passe, en août 1900, le concours d’inspecteur départemental du travail dans l’industrie. Il est admis 7ème sur 10.
Nommé inspecteur départemental stagiaire le 7 février 1901, il est affecté à Rodez en remplacement de M. Quénot, démissionnaire. Il habite au 49, avenue Victor Hugo, Rodez. Il dresse ses premiers PV.
Le 9 octobre 1901, il est nommé à Castres où il est domicilié, 48 avenue du Sidobre, puis 29 bis boulevard des Lices.
Il va s’intéresser particulièrement à l’infection charbonneuse qui touche régulièrement les ouvriers délaineurs des peaux de moutons sur la région de Mazamet. Deux cas de charbon dont un mortel surviennent trois mois à peine après son arrivée dans le Tarn. Son premier combat concerne la déclaration des cas de charbon et leur qualification en tant qu’accident du travail. En effet, l’absence de déclaration ou des déclarations tardives l’empêchent de mener son travail d’investigation.
Pour chaque cas déclaré, il va mener une enquête détaillée en se rendant dans le délainage concerné pour y entendre l’employeur, le contremaitre, la victime si elle a guéri, les collègues de travail et parfois la veuve dans les cas de décès. Il acquiert ainsi une connaissance de terrain qu’il va consigner dans chacun de ses rapports d’enquête.
Par ailleurs, il se documente sur la maladie charbonneuse et, petit à petit, il va maitriser les tenants et les aboutissants de celle-ci et conduire des actions de prévention de plus en plus efficaces.
Il met en place rapidement un suivi statistique cohérent. Ainsi de janvier 1902 à octobre 1910, il va recenser 62 cas de charbon professionnel, dont 12 seront mortels. Pour chaque cas, il précise la période, l’âge et la fonction de la victime, le siège de la lésion charbonneuse, la provenance des peaux de moutons et l’issue de la maladie.
En sus de la destruction des lots de peaux suspectes qu’il va exiger, ainsi que de la désinfection systématique des locaux de travail incriminés, il préconise la consultation systématique d’un médecin en cas d’apparition de tout bouton suspect, le respect des règles d’hygiène élémentaire tel que le lavage systématique des mains à la fin de toute séance de travail et l’interdiction de consommer des aliments et des boissons sur les lieux même de travail. Son insistance sur le rôle des médecins tenait à la présence à Mazamet d’un guérisseur empirique, Joseph Barraillé, que les ouvriers atteints du mal charbon consultaient systématiquement.
Son action opiniâtre de prévention auprès de tous les acteurs locaux a conduit à réduire fortement les cas de charbon sur le mazamétain à partir de 1910 et jusqu’à la guerre de 14-18.
Il participe au côté du professeur Langlois, aux travaux d’élaboration d’une réglementation spécifique sur l’infection charbonneuse, à l’instar de ce qui existe en Grande Bretagne ou en Allemagne qui interviendra finalement lors de la publication du décret du 22 aout 1910.
Il consigne toutes les connaissances acquises sur le sujet dans un ouvrage sur « Le charbon professionnel » publié en juin 1911 qui le consacre comme l’inspecteur du travail référent sur ce sujet. Dans sa séance du 25 novembre 1912, l’Académie des Sciences donne une mention honorable à cet ouvrage.
En 1913, il participe aux travaux de la sous-commission « charbon professionnel » de l’Association internationale pour la protection des travailleurs qui siège à Bâle (Suisse). Dans ce cadre, il effectue notamment un voyage d’études à Bradford (Angleterre) et organise en retour un séjour à Mazamet pour quelques membres de la commission.
Titularisé à la 5ème classe le 1er février 1902, il est promu à la 4ème classe le 1er juillet 1905, à la 3ème classe le 1er juillet 1910 et à la 2ème classe le 1er juillet 1913.
Nommé le 1er décembre 1918 à Paris, il est, auprès de l’inspecteur divisionnaire, chargé du contrôle c’est-à-dire de la supervision et de l’appui des inspecteurs et inspectrices. Il est promu à la 1ère classe le 1er août 1919 et rétroactivement à la hors-classe au 1er juillet 1916 en raison de bonifications pour services miliaires.
En 1919, il est membre de la Commission spéciale chargée de la réparation des dommages causés pour fait de guerre aux édifices publics et cultuels et aux monuments présentant un intérêt national d’histoire ou d’art.
Le 1er octobre 1919, il est chargé de l’intérim de l’inspecteur divisionnaire de Dijon avant d’être promu inspecteur divisionnaire de 3ème classe au 1er janvier 1920.
Le 17 septembre 1920, sa nomination de chevalier de la Légion d’Honneur fait état de « Titres exceptionnels : fonctionnaire de haute valeur, ayant fait preuve d’éminentes qualités dans l’exercice de ses fonctions. Auteur d’importants travaux en matière d’hygiène professionnelle. A très activement et très utilement participé à la préparation des règlements d’administration publique prévus par la loi du 23 avril 1919 ».
Par arrêté du 24 septembre 1921, il est nommé, à compter du 1er octobre 1921, inspecteur divisionnaire à Bordeaux par permutation avec Albert Drancourt. Il est domicilié : 175 boulevard Antoine Gauthier à Bordeaux
Il est successivement promu à le 2ème classe le 1er avril 1923, à la 1ère classe le 28 février 1926 et à la hors-classe le 16 août 1929.
Élu titulaire pour les années 1931 et 1933 à 1935 à la commission de discipline et, pour les années 1931 à 1937, titulaire à la commission de classement.
Il est admis à la retraite à compter du 20 juin 1936 mais prolonge son activité jusqu’au 1er février 1937 pour assumer la présidence de la commission de conciliation des conflits. Il est nommé inspecteur divisionnaire honoraire en décembre 1937.
Atteint de la maladie de Parkinson, il décède à Pau où il s’était retiré, le 15 décembre 1948 et est inhumé dans le caveau de sa belle-famille Larrieu au cimetière de Terre Cabade à Toulouse
Décorations :
– Officier d’Académie (JO 27 février 1910),
– Chevalier de la Légion d’honneur (17 septembre 1920),
– Médaille d’honneur (Or) des assurances sociales (JO 2 août 1929),
– Officier de la Légion d’honneur (JO 3 janvier 1934).
Jean Cavaillé est l’auteur d’une dizaine de « travaux originaux » publiés dans le Bulletin de l’Inspection du travail :
– Étude sur l’industrie de l’effilochage dans le département du Tarn. Bul. IT, n°3 & 4, 1903 ;
– Le délainage des peaux de mouton à Mazamet (Tarn), Bull. IT, n°3 & 4, 1905 ;
– La septicémie charbonneuse et la loi du 9 avril 1898, Bull. IT, n°5 & 6, 1907 ;
– Note sur l’hygiène des ouvriers dans les verreries à bouteilles, Bull. IT, n°1 et 2, 1909 ;
– Note sur la lutte contre le charbon professionnel dans l’industrie anglaise, Bull. IT, n°1 & 2, 1914 ;
– Note sur la ventilation artificielle des halles dans les verreries à soufflage mécanique, Bull. IT, n°1 & 2, 1914 ;
– Note sur la prévention des accidents causés par les machines à écharner, ébuter et mettre au vent, Bull. IT, n°1& 2, 1914 ;
– Note sur la fabrication mécanique du verre à vitre, Bull. IT, n°1& 6, 1921 ;
– Note sur trois cas mortels d’électrocution par courants à basse tension, Bull ; IT, n°1 à 4, 1923 ;
Il a également publié deux ouvrages :
– La journée de huit heures, La loi du 23 avril 1919 L’historique – L’esprit – Le mécanisme d’application, Librairie des sciences politiques et sociales Marcel Rivière, 31 rue Jacob Paris 1919
– Le charbon professionnel, préface de J.-P. Langlois, professeur agrégé de la Faculté de médecine de Paris, médecin conseil de l’Inspection du travail. Berger-Levrault, Paris, 1911.
Sources : Notice de Bruno Guérard – Etat-civil – Livret matricule – Faury Paul, L’affaire du mal charbon. L’inspecteur du travail Jean Cavaillé mène l’enquête, France Libris, 2021 – Cazals Rémy, Les inspecteurs du travail dans le Tarn jusqu’en 1914 in Inspecteurs et inspection du travail sous la IIIème et la IVème République, sld Jean-Louis Robert, Documentation française, 1998.
Pour citer cet article : https://aehit.fr, notice Cavaillé Jean par Paul Faury et Dominique Guyot, version mise en ligne le 18/01/2022. © Copyright AEHIT. Tous droits réservés.
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