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Aldonna Sochaszewska

SOCHACZEWSKA Aldonna, Bronislawa, Kisawera épouse Juillerat

1860 – 1945

Née à Poitiers (Vienne) le 31 décembre 1860, de François Saleszy, Polycarpe Sochaczewski, officier de l’armée polonaise, conducteur des ponts et chaussées et de Léontine, Aglaé, Aristide Mauduyt de la Grève.

Son père décède en 1861 laissant une veuve de 36 ans avec sept enfants. Les trois premiers enfants (trois sœurs : Léontine, Théona et Nina) passeront le concours de receveur des Postes.

 On ne connait pas la formation suivie par Aldonna (enseignante ?) mais elle est admise 3ème (sur 7) au premier concours d’inspectrice départementale du travail dans l’industrie de juillet 1893.

Elle est nommée stagiaire à Rouen par arrêté du 19 décembre 1893 et prend ses fonctions le 16 janvier 1894. Elle demeure à Rouen (59, rue de la République) et la compétence de sa section s’étend sur Rouen, Elbeuf, Le Havre, Dieppe et banlieue.

Titularisée en 5ème classe un an plus tard (16 janvier 1895), elle est promue à la 4ème classe le 1er janvier 1902. Sa promotion comme officier d’académie par le ministre de l’instruction publique l’année précédente (en 1901) permet de penser que son activité professionnelle avait retenue l’attention de ses supérieurs hiérarchiques.

Par arrêté du 27 mai 1902, elle est mutée, à sa demande, à Paris où elle remplace Mlle Jullien à la 6ème section. Son secteur, particulièrement étendu, couvre les quartiers Enfants-Rouges, Archives, Arsenal, Jardin-des-Plantes, Porte-Saint-Martin, Hôpital-Saint-Louis, La Villette, Pont-de-Flandre, Amérique et Combat. Ces quartiers sont ceux de la partie Est de Paris comprenant les actuels arrondissements : 3ème, 4ème, 10ème, 11ème et 19ème).

Un mois après (arrêté du 30 juin 1902), elle est chargée de la 9ème section qui comprend les quartiers Notre-Dame, Saint-Victor, Val-de-Grâce, Sorbonne, Monnaie, Odéon, Notre-Dame-des-Champs, Saint-Germain-des-Prés, Maison-Blanche, Croulebarbe, Montparnasse, Santé et Petit-Montrouge, c’est à dire pratiquement la rive gauche de la Seine avec les 13, 14 et 15ème arrondissements.

Elle habite alors avec sa mère au 39, boulevard du Port-Royal (Paris 13ème).

Le 23 avril 1903, se marie – à 43 ans – à la mairie du 13ème avec Paul Juillerat, chef de bureau à la Préfecture de la Seine. Elle a pour témoin son supérieur hiérarchique, Edmond Laporte, inspecteur divisionnaire à Paris.

 Appartenant à la division de santé publique, Paul Juillerat est un fonctionnaire particulièrement actif dans le domaine de l’hygiène, créateur du « casier sanitaire » des logements destiné à lutter contre la tuberculose. Le couple (avec la mère d’Aldonna) est domicilié à Bourg-la-Reine (2, Grande rue).

En 1906, elle demande un congé et, par arrêté du 11 octobre 1906, sera remplacée par Mlle Desvignes qui vient de Nantes. Après deux congés successifs, alléguant une santé fragile, elle démissionne à 50 ans.

Une dernière trace dans les archives administratives indique qu’en 1908, Arthur Fontaine, directeur du travail, sollicite de René Viviani, ministre du travail au profit de Mme Juillerat, inspectrice du travail en congé sans traitement, l’attribution d’un secours de 250 F au motif d’une « situation digne d’intérêt ». La note du directeur du travail n’apporte aucune précision sur cette situation mais il est vrai que la pratique des secours attribués à des fonctionnaires en congés (sans traitement) ou en retraite est fréquente dans cette période où le statut ne comportait pas de dispositions particulières en matière de prévoyance sociale.

Néanmoins, Aldonna (qui utilise aussi désormais le prénom d’Alice) n’a pas cessé toute activité. Elle est très engagée, avec son mari, dans la Ligue sociale des acheteurs (LSA), association chrétienne de consommateurs cherchant à responsabiliser les acheteurs – et surtout acheteuses – contre les abus du travail à domicile notamment par la régulation des commandes contre les « veillées » (travail de couture dans les ateliers après 21 h.). Elle participe aussi à une importante enquête sur le travail des femmes dans les blanchisseries pour l’analyse de laquelle elle utilise son expérience d’inspectrice du travail.

Elle publie deux articles dans la Revue économique internationale, l’un, en 1907, sur « L’inspection du travail – Son rôle économique – ses effets réels – ses difficultés – ses lacunes » dans lequel elle souligne l’insuffisance des effectifs et le fait que les femmes n’accèdent pas au poste d’inspecteur divisionnaire ; l’autre, en 1911 sur « L’activité féminine en France au XXe siècle » où elle prône l’égalité entre les hommes et les femmes.

Veuve depuis 1935, elle s’éteint à son domicile de Bourg-la-Reine (27, avenue Galois) le 20 octobre 1945. Elle est inhumée aux côtés de son mari dans le cimetière communal.

Sources : Notice de Bruno Guérard – AN F22/305, Note du 17 mars 1908. – Arch. familiales (Jacqueline et Michel Fauvin) – Notice de D. Guyot pour le baptême de la promotion « Aldonna Sochaczewska », INTEFP,2002 – Linda Clark, « Les carrières des inspectrices du travail (1892-1939) », Inspecteurs et inspection du travail sous la IIIéme et la IVéme République, La documentation Française, Paris, 1998 –  Marie-Emmanuelle Chessel « Consommateurs engagés à la Belle Époque, La ligue sociale des acheteurs », Presses de Sciences Po, 2012 – Sylvie Schweitzer « Les inspectrices du travail, 1878 – 1974, le genre de la fonction publique », Presses Universitaires de Rennes, 2016.

Pour citer cet article : https://aehit.fr, notice SOCHACZEWSKA Aldonna par Dominique Guyot, version mise en ligne le 11 avril 2019, dernière modification le 19 mai 2019. © Copyright AEHIT. Tous droits réservés.

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