L’affaire CHAPRON- 1975

Nous vous invitons à ouvrir le dossier de l’affaire Chapron avec curiosité et esprit critique.

Nous vous présentons d’abord le témoignage de Dominique Garreau, l’Inspecteur du travail affecté à Lens dans le Pas de Calais en charge du contrôle de l’usine Huiles, goudrons et Dérivés. A 1h30 du matin le 23 janvier 1975, Rolant Willaume y fut victime d’un accident du travail mortel qui a donné lieu à l’affaire dite Chapron, qu’il a vécue de près et directement.

Vous pourrez lire ensuite la note de 2018 de Jean-Jacques Guéant, après lecture de ce témoignage, intitulée « une affaire sensible-A propos de l’affaire Chapron – en mémoire à Roland Wuillaume ».

Cette affaire a une importance particulière marquant une étape historique dans la sortie du fatalisme selon lequel la mort au travail serait une mort accidentelle, sans responsable, conception remise en cause par la décision du juge De Charette d’incarcérer le directeur d’usine Jean Chapron.

Rappelons qu’il y a quarante ans les 2000 morts au travail par an et les 10 000 accidents graves avec invalidité passaient largement inaperçus.

Après l’affaire Chapron l’enjeu des accidents du travail devient national pour l’ensemble des acteurs sociaux avec prise de conscience de la gravité des risques et des situations dangereuses auxquels sont exposés les hommes et les femmes dans le quotidien de leur travail. Plus personne ne conteste qu’il faut « briser le rythme infernal des accidents » et dénoncer « le fléau des accidents ».

Mais les clichés gardent la vie dure : la cause principale de l’accident reste encore l’ouvrier lui-même, qui commet des fautes ou des gestes dangereux… Hélas la victime coupable de « son » accident mortel n’est alors plus de ce monde pour se défendre !

Si en théorie personne ne défend plus la thèse jusque-là couramment admise de la mort accidentelle au travail, la nécessité de juger les personnes responsables dans l’entreprise qui n’ont pas respecté les règles de sécurité définies par la loi prend la direction d’un long chemin cahoteux.

Cependant dès 1975 le Rapport SUDREAU pour réformer l’entreprise préconisait sans ambages :

« Le décalage est tel entre la loi et son application que la première réforme à entreprendre est de faire appliquer la loi ».

Et Robert Boulin, Ministre du Travail en 1978, lançait sa formule choc pour dénoncer l’effarante « pyramide » des accidents du travail :

« Toutes les secondes un accident, toutes les minutes une incapacité, toutes les heures un mort »

La formule lui survivra car elle correspond à la réalité d’alors : 1 accident toutes les secondes (1.000.000 accidents), une incapacité au travail chaque minute (100.000 accidents graves), et un mort au travail chaque heure de travail (2000 accidents mortels)

( Tableau récapitulatif des accidents du travail de l’année 1975 en France

L’affaire CHAPRON vécu par Dominique GARREAU inspecteur du travail

note de Jean Jacques Guéant

adjacent

Contenu lié

Retour en haut